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Un souffle nouveau pour l’Abbaye de la Rochette

Un souffle nouveau pour l’Abbaye de la Rochette

le 11 mai 2020

Les Bénédictines de Saint-Joseph de la Rochette ont choisi d’intégrer une Maison d’Alliance dans leur Abbaye. Raison et motivations. Rencontre avec sœur Marie, mère abbesse.

Combien de religieuses étiez-vous, lors de votre installation dans l’ancien château de Belmont,[1] le jour de la Pentecôte 2010 ?

Je crois me souvenir que nous étions soixante-dix. Aujourd’hui, nous ne sommes plus que quatorze, auxquelles il faut rajouter trois sœurs en EHPAD. La plus jeune d’entre nous est âgée de cinquante-huit ans, et la plus âgée en a quatre-vingt-dix-huit.

Comment expliquez-vous un tel déclin ?

Cela tient sans doute à une baisse du nombre des vocations dans plusieurs communautés. Sans compter que la fermeture de notre noviciat pendant un an n’a guère arrangé les choses. Saint-Joseph de la Rochette était devenu trop grand : il ne nous restait plus qu’à le fermer ou trouver une autre solution… Nous y avons longtemps réfléchi.

Cette solution, est-ce que vous l’avez trouvée ?

Pas dans un premier temps, mais les habitants de la commune étaient très attachés à nous : ils ne souhaitaient pas notre départ, et beaucoup d’entre eux se proposaient de nous aider. Ensemble, en 2014, nous avons créé l’association des Amis de l’abbaye. Nous n’occupions plus que la moitié des bâtiments : que faire du reste ? Nous avons commencé par entrer en contact avec le père Bernard Devert, de la fondation Habitat et Humanisme,[2] dans le cadre d’un projet à caractère sanitaire ou social, mais les subventions ne sont jamais venues. Finalement, nous avons décidé de nous regrouper dans la partie la plus ancienne de la maison, en aménageant les combles, ce qui a libéré l’aile droite. Restait la question de savoir ce que nous allions en faire…

Comment le problème a-t-il été résolu ?

En 2018, nous avons organisé une réunion, à laquelle ont assisté une trentaine de personnes. L’une d’entre elles avait entendu parler d’une femme qui voulait vivre en béguinage : n’y avait-il pas là un filon ? La présence de laïcs n’était-elle pas la promesse d’un nouvel élan, qui nous permettrait de poursuivre notre vie monastique ? Mieux : qui sait si cette présence n’était pas susceptible, par ricochet, de relancer les vocations ? Nous avons pris contact avec le fondateur du béguinage de Perpignan,[3] et c’est ainsi qu’est né le projet Maisons d’Alliance.

Comment ce projet se présente-t-il ?

A vrai dire, nous ne nous attendions pas à un tel succès : déjà plus de cent-quatre-vingts candidats ont posé une option pour les vingt-sept ou vingt-neuf futurs appartements : des T2, des T3 et un T4. Pour des raisons pratiques, leur « sélection » – je n’aime pas beaucoup ce mot – sera effectuée par les professionnels de Maisons d’Alliance, en fonction des critères que nous leur avons indiqués : autonomie, prière, sens du service et solidarité.

Y a-t-il un profil type des laïcs que vous recherchez ?

Non, pourvu qu’ils répondent aux critères que je viens d’énoncer. L’âge ne devrait pas être un obstacle. Il serait envisageable, et nous aimerions mettre le T4 à la disposition d’une famille : faire de l’intergénérationnel, comme on dit… Cela suppose la possibilité de trouver un emploi à proximité.

Belmont-Tramonet, ça n’est pas le bout du monde, mais tout de même… Les futurs béguins auront-ils besoin d’une voiture ?

Cela sera toujours bien d’en avoir une. Mais nous vivons dans une zone de bon voisinage, sensible à l’écologie. Le covoiturage s’y pratique, et un petit bus a été mis en service par la mairie. Il y a deux gros bourgs à cinq kilomètres, avec tous les services, deux hypermarchés et même un hôpital. Non, nous ne sommes pas au bout du monde !

Qu’attendez-vous exactement de ce type d’expérience ?

Nous en attendons beaucoup ! A commencer par l’espérance d’un enrichissement spirituel basé sur des échanges en profondeur entre deux différents états de vie. La crise des vocations monastiques n’est-elle pas le signe d’un renouveau au sein d’une Eglise faisant de plus en plus appel à la complémentarité entre laïcs et consacrés ? En ces temps inédits que nous traversons, tout reste à inventer, et c’est cela qui est passionnant.

Comment cela sera-t-il possible, si vous gardez la clôture ?

La clôture se limite à un espace restreint. L’église, l’hôtellerie, la boutique, les salles de réunion, le potager, le parc, le jardin n’en font pas partie. Même si nous vivons cloîtrées, cela ne nous empêchera pas de rencontrer les laïcs au quotidien. De partager quelques repas festifs avec eux, le jour de la fête de saint Benoît, à l’occasion de Pâques ou Noël…

Êtes-vous soutenues par les autorités ecclésiastiques ?

En tant que communauté autonome, nous ne dépendons pas canoniquement de notre évêque – ce qui ne nous empêche pas de rendre régulièrement compte à Mgr Philippe Ballot de nos activités, et ce qui ne l’empêche pas de nous soutenir. Notre projet de béguinage a toutes les chances de réussir, et s’il réussissait, il aurait toutes les chances de créer un effet « boule de neige » au sein de la dizaine d’autres monastères avec lesquels nous sommes affiliés.

Où en êtes-vous dans l’avancement des travaux ?

Vous comprendrez que ce n’est pas nous qui nous occupons directement du dossier. Pour l’instant, les responsables de Maisons d’Alliance en sont au choix de l’architecte. Il va falloir procéder aux diagnostics sur le plomb et l’amiante. Nous espérions commencer le chantier en septembre, mais cela risque d’être un peu retardé à cause du coronavirus.

Cette crise ne pourrait-elle pas, au bout du compte, inciter un plus grand nombre de laïcs à vouloir se rapprocher de votre communauté ?

Je vous avoue que je n’y avais pas pensé. Mais j’imagine, après tout, que le confinement est peut-être plus facile à supporter à côté d’une abbaye à la campagne, et que la solidarité y est peut-être plus forte aussi ? En fait, je ne me suis pas vraiment posé la question. Il me semble que le coronavirus est en train de susciter un certain nombre de questionnements, de réflexions, le désir de retrouver des modes de vie plus simples et plus sobres… Plus simples, et plus sobres… Autant de besoins que les communautés monastiques se sont toujours efforcées de satisfaire, non ?

© Propos recueillis par Laurent Charnin.

 

[1] Commune de Belmont-Tramonet, à une trentaine de kilomètres d’Annecy.

[2] Depuis une trentaine d’années, cet organisme lutte en faveur du logement et de l’insertion des personnes en difficulté, NDLR.

[3] Thierry Prédignac.

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