Entretien avec Théophile Bolon économe au diocèse de Pamiers
le 28 décembre 2022Le diocèse de Pamiers va recevoir dans ses bâtiments, à partir du premier trimestre 2024, une nouvelle Maison d’Alliance dans l’ancien Séminaire. Nous avons rencontré Théophile Bolon, économe diocésain dans le diocèse de Pamiers depuis 2016, qui suit ce projet avec enthousiasme.
À partir de l'histoire des bâtiments auxquels vous souhaitez redonner vie, pouvez-vous nous raconter l'origine de ce projet ?
Ce bâtiment était l’ancien séminaire de Pamiers jusqu’en 1956, puis le lycée professionnel des Jacobins s’y est installé jusqu’à ce qu’il fasse construire un bâtiment neuf, à côté du collège Jean XXIII, pour être moins à l’étroit, leurs effectifs ayant augmenté peu à peu. Ils s’y sont installés à la rentrée 2021. Le bâtiment est donc vide depuis un an et demi, mais nous savions qu’ils allaient partir depuis deux années environ et nous réfléchissions à la reconversion de cette partie qui fait partie intégrante de la Maison des Œuvres de la Maion diocésaine. Nous ne souhaitions pas la vendre, c’est vraiment adossé aux bâtiments où sont nos bureaux, nous ne pouvions envisager qu’ils soient abandonnés à un projet que nous ne maîtrisions pas du tout. Nous préférions trouver une activité avec laquelle nous pourrions travailler en synergie. Nous avons donc réfléchi à le louer en bureaux, ainsi qu’à diverses autres pistes. Chemin faisant, nous avons recroisé la route de Maison d’Alliance. Nous avions déjà eu un premier contact avec Vivre en béguinage pour un projet dans l’ancien évêché de Pamiers, au niveau de la Cathédrale, qui n’avait pas abouti parce que les lieux ne s’y prêtaient pas. Mais mon prédécesseur m’avait parlé du concept de béguinage et de Vivre en béguinage. Nous nous sommes remis en contact, puis une réunion a eu lieu avec l’Évêque et quelques membres du Conseil d’administration. Nous avons donc commencé à travailler sur ce projet.
En plus de l'enjeu patrimonial pour le diocèse de Pamiers, pouvez-vous nous dire pourquoi vous avez choisi d'installer une structure, pour personnes âgées, sous forme de béguinage ?
Nous pensons qu’il y a une demande. Nous n’y voyons pas qu’une démarche économique. Il y a beaucoup de personnes en France qui se posent la question de l’habitat, et peut-être plus spécialement les personnes qui sont seules et les personnes âgées en général, parce que la question des maisons de retraite n’est pas toujours une possibilité très attractive pour certains. Beaucoup de personnes âgées sont en recherche de solutions alternatives, et je pense qu’on a encore des choses à inventer dans les nouvelles formes d’habitat, les béguinages sont un bon exemple.
Cela rejoint aussi d’autres choses que l’on essaye de mettre en place dans ce type d’habitats où l’on retrouve une sorte de bien commun, des lieux partagés, des liens sociaux.
Au sein de notre église, il y a de nombreuses personnes qui sont dans cette situation et qui souhaitent ajouter une dimension spirituelle à cette communauté et aux liens fraternels. C’est pour cette raison que cela nous semblait doublement pertinent. À la fois, d’un point de vue solution de l’habitat qui aide à lutter contre la solitude, la difficulté d’être dans une maison isolée avec des travaux ou de l’entretien à effectuer et, en même temps, une approche spirituelle et communautaire de gens qui veulent vivre leur foi à plusieurs, ce qui est forcément plus stimulant. Ce sont ces deux choses qui nous ont motivé.
Comment voyez-vous les liens qui peuvent s'installer, et par quels moyens, entre le diocèse, les fidèles et les résidents du béguinage ?
Il y a plusieurs liens possibles entre les résidents et la Maison diocésaine, et donc tous les diocésains. Ce peut être dans le cadre d’évènements qui existent déjà en son sein, auxquels les résidents pourront participer. Ils pourraient s’investir dans certains mouvements qui y viennent régulièrement, par exemple le Mouvement Chrétien des Retraités, le Service des Pèlerinages ou l’Hospitalité qui sont des services diocésains. Il y a aussi l’infrastructure de la Maison Diocésaine qui permettrait de se réunir pour une après-midi de rencontre, de partage, de jeux de cartes ou même l’organisation de soirées ciné-club, de cycle de conférences sur différents thèmes. Ce sera aussi à eux de s’en saisir, d’utiliser tel outil de la Maison diocésaine qu’on a ici pour inventer, créer des choses.
Le deuxième axe serait avec la paroisse de Pamiers qui est très proche de la future Maison d’Alliance, avec des messes quotidiennes ainsi que toutes les activités paroissiales classiques où les résidents pourront s’investir. Mais la paroisse pourrait aussi être stimulée par la présence de cette communauté de la Maison d’Alliance.
Vous avez présenté le projet lors d'une réunion diocésaine, comment a-t-il été perçu ?
Nous avons convié les personnes du diocèse à une réunion d’information. Il y a eu une forte présence puisqu’il y avait une cinquantaine de personnes, parmi lesquels le club des aînés de Pamiers, avec son président, l’adjointe à la Mairie pour les personnes âgées. Nous avons senti qu’il y avait de l’intérêt, des personnes qui venaient et qui ont posé des questions précises, pertinentes, parce qu’elles se projetaient dans cette Maison d’Alliance. Et je souligne qu’il n’y avait pas que des personnes chrétiennes, il y a vraiment une demande dans notre société pour ce genre de lieu de partage, de lien, de communion, de faire ensemble, de solidarité pour les chrétiens mais pour la société en général. J’ai vu qu’il y avait des personnes qui n’étaient pas chrétiennes et qui étaient attirées par ce projet, c’est positif si l’Église peut proposer des solutions et s’ouvrir par ce genre de propositions à l’extérieur. J’en suis très content.
Je pense que ce sera bien que l’identité de la Maison d’Alliance ait un accent chrétien, mais s’il peut être un mode d’évangélisation et de découverte de la foi chrétienne pour certains, c’est tant mieux !
Voudriez-vous aborder d’autres points qu’il vous semble important de souligner ?
Je voudrais rajouter quelque chose qui me tient à cœur. L’endroit où va s’installer Maison d’Alliance n’est pas classé, mais il est considéré comme l’un des principaux bâtiments remarquables de la ville de Pamiers. On y trouve une architecture très particulière, assez rare dans notre région. Cela va permettre à des personnes de bénéficier d’un lieu assez exceptionnel pour des loyers qui sont très modérés par rapport à d’autres offres de senioriales, de foyers logements ou autres maisons de retraites. On ne fait pas appel aux subventions sociales pour s’adresser spécifiquement à un public qui rencontrerait des difficultés financières, mais de fait, l’offre est attractive par rapport à d’autres. Et c’est important pour nous de faire en sorte que soient accessible, à tous, des logements qui seront non seulement confortables, agréables mais aussi situés dans un milieu vraiment privilégié. Non seulement au point de vue architectural, mais aussi pour la vue qui donne sur les montagnes pyrénéennes. Et tout ceci crée une vraie joie en plus dans ce projet.
Pouvez-vous nous en dire plus ? Où se situent exactement ces bâtiments dans Pamiers ?
Alors, nous sommes vraiment dans le centre-ville de Pamiers. La Maison des Œuvres, et c’est ça qui est intéressant, est très accessible. La gare se situe entre cinq et dix minutes à pied. On peut se garer facilement, parce qu’il y a un grand parking. Par ailleurs, nous avons un accès qui donne sur le centre-ville et, à pied, nous sommes à deux minutes d’une boulangerie, d’une boucherie ainsi que d’un petit Carrefour Market. Nous avons tous les commerces de bouche nécessaires, dans le centre-ville, dans un rayon de 200 mètres. Et toute cette proximité est un avantage important.
Propos recueillis par Sibylle Goudard